Retour sur le rdv du 7 avril au CTA avec Mr Le Borgne

Le 7 avril, au CTA, une délégation des OS représentatives sur le site a été reçue par Mr Gilles Le Borgne qui était accompagné de Mr Willot, Directeur RH et Mme Calvo, directrice de DEA-T. L’objectif était d’échanger sur le projet de transfert d’activité de la maintenance opérationnelle en activant l’article L1224 du code du travail.

G Le Borgne a expliqué que l’externalisation de la maintenance opérationnelle a été bien réfléchie et qu’elle est nécessaire pour la réorganisation de la DEA-T. Il a confirmé son souhait de mener à terme cette externalisation qui selon lui a fait ses preuves chez PSA. Il affiche clairement vouloir appliquer le L1224 du Code du Travail pour un besoin vital de l’entreprise, et dit que ça lui permettrait l’embauche de nouvelles forces dans les métiers dont Renault a actuellement besoin.

 Les élus CFE-CGC sont intervenus en rappelant la valeur humaine dans l’organisation des activités et en alertant sur le risque psycho-social :

« Même si nous comprenons que vous avez hérité d’une situation difficile due à une politique du volume et à la crise sanitaire, nous pensons que les salariés Renault ne doivent pas en payer le prix fort. Nous avons eu énormément d’espoir à l’annonce de votre souhait d’embaucher des techniciens. Malheureusement, cet espoir se transforme aujourd’hui en inquiétude et en stress. Ce stress, accentué par la crise sanitaire et ce qu’elle engendre (isolement dû au télétravail, etc.)  provoque chez certains un véritable RPS. Quelques-uns de nos collègues sont réellement fragilisés psychologiquement (pour preuve, les passages à l’infirmerie ne cessent d’augmenter). Et nous craignons que cela se dégrade encore plus malgré notre support sur le terrain.

 Face à cette situation, le gain de l’externalisation des activités sera toujours minime d’autant que, si la situation se dégrade, l’image de l’entreprise toute entière en pâtira.

Malheureusement, l’histoire nous a appris à ne pas négliger ce type de risque. Il faut un « KPI » sur les aspects humains.

Nous sommes contre l’externalisation, car nous sommes attachés à notre entreprise, nous avons le logo Renault dans le cœur.

Beaucoup de salariés ne connaissent que Renault. Il est donc inimaginable pour eux d’avoir un autre badge que celui de leur entreprise.

Il y a, dans cette entreprise et plus particulièrement au CTA, un grand esprit familial qu’on ne trouve pas dans les autres sociétés.

Au CTA, nous avons déjà payé cher l’externalisation du roulage et d’autres activités vers la prestation et vers la Roumanie. On nous a expliqué qu’en cas de crise et de diminution de la charge, la prestation nous permettrait d’ajuster la charge et de donner une pérennité au travail des salariés Renault.

Tous les moyens et certains essais sont gérés par la prestation. Nous avons peur d’une perte de métier et craignons d’être otage de la prestation. La différence : la prestation est payée au rendu des livrables alors que les salariés Renault sont payés pour la réussite de l’entreprise.

De plus, les salariés d’Aubevoye, dont les managers, ont toujours répondu présents, que ce soit pendant le 1er confinement ou jusqu’à maintenant,  afin de continuer les essais et les validations. Là, ils ont l’impression d’être punis avec cette externalisation et la montée de la prestation …

 Nous souhaitons donc connaître l’avenir du CTA et  savoir si d’autres externalisations sont prévues. »

Mr Le Borgne a répondu : « J’ai l’habitude de parler vrai : aucune autre externalisation n’est prévue à ce jour mais je ne m’interdis rien pour l’équilibre de l’entreprise. Le CTA (avec ses pistes, ses moyens et ses bancs d’essais) est très important pour Renault, nous avons investi plusieurs millions pour plusieurs bancs. »

Mme Calvo a reconnu que « le CTA est exemplaire pour la gestion de la Covid 19. Ça a été remonté et apprécié par tous. »

 

Explication sur le fameux article L1224-1 du code du travail :

Cet article L1224-1 donne la possibilité à une entreprise de vendre une activité autonome avec les contrats de travail associés, cad les salariés effectuant cette activité. Le salarié ne peut pas refuser le transfert sous peine de licenciement pour faute grave.

Les éléments du contrat de travail que sont la qualification, la rémunération, l’ancienneté, ainsi que le lieu de travail s’il est explicite dans le contrat, ne sont pas affectés par l’externalisation.

En revanche, concernant les acquis sociaux de l’entreprise cédante relevant d’accords collectifs (par exemple, les modalités de télétravail, les congés supplémentaires pour évènement, la prime de performance Etam, la participation et l’intéressement, etc), l’article L1224-1 n’en stipule le maintien que pendant 15 mois maximum, sauf négociation d’un accord de transition (application jusqu’à 3 ans maxi) ou d’adaptation (pas de durée maxi). Au-delà de ce délai, l’entreprise repreneuse a la liberté de dénoncer ces acquis et de les remplacer par d’autres, moins ou mieux-disants.